20 juin 2025

Les cœurs d’îlots : redonner vie aux espaces urbains oubliés

L’aménagement des cœurs d’îlots s’impose aujourd’hui comme une réponse fine et durable aux défis urbains contemporains. Alors que la densification des villes est souvent perçue comme une contrainte, les interstices urbains comme les cœurs d’îlots apparaissent comme des réserves de valeur. Longtemps ignorés, ces espaces à l’arrière des parcelles bâties offrent des opportunités pour recréer du lien, introduire de la nature, et améliorer la qualité de vie urbaine.


Une stratégie de densification douce

Dans un contexte de rareté du foncier en milieu urbain, réinvestir les cœurs d’îlots permet de construire la ville sur elle-même, sans étalement. Mais cette densification ne doit pas être synonyme d’entassement. Elle doit au contraire être qualitative, contextuelle et durable. C’est l’approche portée par l’agence d’architecture ERHÉ avec son projet de logement collectif à Pessac.

Un projet au cœur de Pessac : révéler le potentiel caché d’un îlot urbain

Situé dans un tissu résidentiel de maisons en R+1, le projet conçu par ERHÉ prend place sur une parcelle triangulaire enclavée, anciennement utilisée comme stationnement. L’enjeu était de valoriser cet espace inutilisé en concevant un programme à forte qualité d’usage, sans rupture avec son environnement.
L’opération comprend 18 logements (du T2 au T5), tous traversants, bénéficiant
  • d’espaces extérieurs privatifs (terrasses ou balcons),
  • d’un parking semi-enterré,
  • d’une toiture-terrasse végétalisée pensée comme un lieu de vie commun.

Mettre en retrait pour révéler l’espace

Le cœur du projet repose sur un geste architectural simple, mais fort : reculer les volumes bâtis pour libérer le centre de la parcelle. Ce retrait permet de dégager un espace de respiration en cœur d’îlot, propice à la lumière, aux circulations douces et à l’appropriation collective. Les logements sont desservis par des coursives ouvertes qui favorisent à la fois l’intimité et l’interaction entre voisins.

Ce dispositif offre une double orientation à la majorité des logements, garantissant une excellente ventilation naturelle et un bon ensoleillement – deux éléments fondamentaux pour le confort thermique et la sobriété énergétique.


L’espace partagé comme vecteur de lien social

Au-delà de la composition spatiale, le projet de Pessac se distingue par son attention portée aux usages. Le cœur d’îlot n’est pas un simple vide fonctionnel : c’est un lieu de vie à part entière, pensé pour être approprié par ses habitants.

La toiture-terrasse commune est aménagée avec des espaces potagers, des bancs, et des vues dégagées sur le tissu environnant. Elle devient un espace de rencontre intergénérationnelle, favorisant la mixité et le lien social.

facade avec vue sur la toiture terrasse végétalisée
© ERHÉ - façade de ce projet d'habitat collectif avec vue sur la toiture-terrasse

Une insertion fine dans le tissu existant

L’un des atouts du projet réside dans sa capacité d’intégration dans le quartier. Avec une volumétrie en R+1 et R+2, une écriture architecturale sobre, des matériaux aux teintes claires et naturelles, l’ensemble dialogue harmonieusement avec les constructions alentours.

La compacité du bâtiment limite son emprise au sol, permettant de préserver des espaces plantés et de garantir des vues dégagées depuis les parcelles voisines. Loin d’imposer une rupture urbaine, ERHÉ propose une continuité urbaine douce, respectueuse de l’échelle résidentielle du secteur.


Végétaliser les cœurs d’îlots : un enjeu de biodiversité et de confort urbain

Dans un contexte de changement climatique et de fortes chaleurs urbaines, les cœurs d’îlots représentent aussi une opportunité écologique majeure. Le projet de Pessac intègre une végétalisation raisonnée en cœur d’îlot et en toiture, participant à la désimperméabilisation des sols, au rafraîchissement ambiant, et à la reconnexion avec la biodiversité locale.

Ces îlots de fraîcheur permettent de lutter contre les îlots de chaleur urbains, tout en proposant des microclimats agréables pour les habitants.


Un urbanisme du déjà-là

L’approche d’ERHÉ s’inscrit dans une démarche de « recyclage urbain ». Plutôt que d’artificialiser de nouveaux terrains, le projet valorise un site existant, répondant ainsi à un principe fondamental du développement durable : faire mieux avec ce que l’on a déjà.

Cet urbanisme du « déjà-là » évite
  • les démolitions lourdes,
  • limite les coûts d’infrastructure,
  • et favorise une densification mesurée qui s’appuie sur la trame urbaine existante.

Une réponse contemporaine aux attentes d’habiter

Aujourd’hui, les attentes des citadins évoluent. Ils cherchent des logements bien conçus, lumineux, avec des espaces extérieurs de qualité et une vie de voisinage apaisée. Le cœur d’îlot, bien aménagé, répond parfaitement à ces besoins.

En combinant densité, nature et lien social, le projet de Pessac propose une nouvelle façon d’habiter en ville : proche, partagée et durable. Chaque logement, tout en étant bien isolé acoustiquement, reste connecté à la vie collective du bâtiment.

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© ERHÉ - Axonométrie représentant ce projet d'habitat collectif en cœur d'îlot


Pourquoi les cœurs d’îlots sont l’avenir de la ville durable ?

Les politiques publiques encouragent désormais la densification douce des tissus urbains. Les PLU intègrent de plus en plus la valorisation des cœurs d’îlots comme levier pour produire du logement tout en préservant la qualité de vie.

Des opérations comme celle de Pessac démontrent qu’il est possible de concilier densité et désir d’habiter, en activant les potentiels cachés de la ville. Le cœur d’îlot devient alors un espace de transition, entre sphère privée et espace public, capable d’inventer de nouveaux modes de vivre ensemble.


Le cœur d’îlot, un outil pour une ville plus résiliente

Face aux crises (écologique, sociale, foncière), la ville doit devenir plus résiliente. Cela implique de diversifier les formes urbaines, de relocaliser les ressources, de renforcer les liens humains.
Le projet mené par ERHÉ à Pessac démontre que l’architecture peut être un catalyseur de transformation. En revalorisant un vide urbain, en le pensant comme un espace à vivre plutôt qu’à combler, il crée de la valeur collective, de la beauté partagée et du sens.


Des interstices urbains porteurs de renouveau

Les cœurs d’îlots ne sont plus des marges invisibles. Ils deviennent des espaces d’innovation architecturale et sociale. Le projet de Pessac porté par ERHÉ en est une preuve concrète : avec sensibilité, sobriété et intelligence, il transforme un terrain enclavé en un lieu de vie exemplaire.

En ville dense, chaque mètre carré compte. Mais tous les mètres carrés n’ont pas la même valeur. Les cœurs d’îlots, lorsqu’ils sont pensés avec soin, peuvent devenir des poumons verts, des lieux de lien, et des manifestes d’un urbanisme attentionné.



Rédaction et illustrations : ERHÉ Architecture

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